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La Palangrotte
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28 août 2013

LAC ROSE OU LAC RETBA

Une merveille de la nature qui fait vivre des milliers de personnes
Il n’est de voyage au Sénégal sans une visite au Lac Rose, une curiosité du pays à une quarantaine de kilomètres de Dakar. De l’exploitation du sel au tourisme, le Lac Rose est un coin particulier où convergent plusieurs nationalités à la recherche d’une identité. «Le Populaire» vous promène dans le royaume des «traqueurs de 'l’or blanc'».

LAC ROSE OU LAC RETBA : Une merveille de la nature qui fait vivre des milliers de personnes
Pour véritablement profiter du Lac Rose, encore appelé lac Retba, il vaut mieux s’y rendre un jour où le vent souffle : sa couleur rose devient rayonnante. L’environnement plus fascinant. Partout sont étalés des tas de sel destinés à la vente. Une grande vue sur le marché du Lac laisse apparaître acheteurs, vendeurs, frigoristes et ramasseurs. A l’intérieur du lac, on aperçoit les ramasseurs de sel en pleine activité. De loin, le dos nu, ils traquent tranquillement le précieux 'or blanc' à l’aide d’une pique. Sur le bord, une dizaine de pirogues attachées attendent leur tour. De l’autre côté de la rive, les guides s’activent à orienter les visiteurs. «He Boy ! jëlko», «Boy gérer ko» ( Eh Boy occupe-toi de lui, Eh boy gère le... C’est une véritable chaîne musicale qui se dresse devant nos yeux à notre arrivée sur ce Lac.

Au royaume des «traqueurs de 'l’or blanc'»
Une des particularités du lac, c’est que l'eau est hyper salée à raison de 380 grammes par litre (comme la Mer morte), soit 10 fois plus que l'océan. Et l’extraction du sel est un travail terrible. Les hommes, aux corps enduits de beurre de karité pour éviter la salinité corrosive , s’enfoncent dans l’eau jusqu’à la poitrine,. Ils cassent la croûte de sel avec une pique et remplissent la pirogue qui les accompagne. Une tonne et demie de sel est recueillie par chaque pirogue et cela pour des centaines de pirogues. Les femmes sont, elles aussi, chargées de transporter le sel des pirogues à la berge pour l'entasser sur les bords afin de le sécher.
Chacun trouve un initiale pour distinguer ses tas de sel. Le sel recueillie déjà en qualité et le sac de 25kg est vendu à 700 francs Cfa à des intermédiaires. Ainsi, pour ramasser le sel, il faut une pirogue ou une barque, un bâton et un acier pour fixer la pirogue, une pique pour casser et une pelle et un tamis pour remplir la pirogue. Le sel en bloc n’est pas destiné à la consommation. il nécessite un traitement spécifique. Il va soit aux conserveries de poissons soit à l’exportation. Il est exporté vers les pays limitrophes, la sous région et l’Europe pour le salage des routes. cela les évite qu’elles soient gelées en période de neige. Une partie est échangée avec les pêcheurs de Kayar contre de l’argent ou du poisson. C’est le sel fin extrait des gros blocs qui est destiné à la consommation. Toutefois, pour éviter le goitre, il est doit être iodé d’abord. Autant d’activités autour d’un Lac dont la particularité principale est la sa couleur rose.

Pourquoi le lac est rose ?
Ce lac a des caractéristiques particulières par un phénomène dû à la présence au fond du lac d'une algue microscopique qui oxyde le fer de l'eau salée.
Plusieurs théories expliquent cette étrange coloration : la couleur du lac serait due à une espèce rose de cyanobactérie, un animal microscopique dont il est peuplé, et qui arrive à résister à de très hautes concentrations en sel. Pour certains, cette couleur résulterait d’une saturation des eaux en chlorure de magnésium. D’autres pensent (c’est la thèse la plus répandue) que c'est une algue microscopique qui oxyderait le fer contenu dans le sel, ce qui donnerait au lac sa couleur rose.
Il est devenu, il y a maintenant 40 ans, rose. Et oui ! Selon les heures, sa couleur vire du rose au mauve, comme sur les cartes postales. La couleur est plus impressionnante, quand le soleil est au zénith, et pendant la saison sèche. Un beau spectacle à ne pas manquer.
Lac Retba, plus connu sous le nom de Lac Rose, fait partie de l'échantillon des lacs côtiers qui s'alignent au long de la côte Nord du Sénégal, également appelée Grande Côte ou Zone des Niayes, du Gandiolais à la Presqu'île du Cap-Vert, sur une extension linéaire d'environ 253 km.
Limité au Nord par l'Océan Atlantique, au Sud par une ligne passant par Kounoune, Niakhirate et Diacksao, à l'Ouest par une ligne Niaga, Médina Thioub, Ngalap et à l'Est par Kaniak, Gorom 1 et Mbeute, le bassin versant du Lac Rose s'étend sur une superficie d'environ 155 km carrés. Il est situé sur le territoire du village de Sangalkam avec quatre sections dénommées Khar Yalla, Khoss, Virage et Daradji. L'eau est particulièrement salée : 380 grammes par litre. Le sel est exploité depuis les années 1970. Ce Lac salé doit sa renommée à la teinte originale et changeante de son eau, mais aussi au rallye Paris-Dakar dont il était le point d’arrivée.

De 32 km carrés avant, le Lac est désormais réduit à 8 km carrés
Retba était un lac bleu comme tous les lacs. Il y avait une communication entre ce Lac et la mer. Mais, vu que le Sénégal a connu une dizaine d’années de sècheresse, le Lac s’est rétréci jusqu'à moins de 8 km carrés, alors qu’à l’époque, il faisait 32 km carrés, soit une profondeur de 3 mètres, à savoir 1,5 mètre d’eau et 1,5 mètre de sel. Il est considéré comme le coin le plus bas de la région de Dakar et toutes les eaux pluviales viennent s’y déverser, en passant par Technopole, Malika, Keur Massar. Avec l’avancement des dunes, le lac a été séparé de la mer. A l’époque, les Français présents sur les lieux avaient planté des filaos sur l’axe Dakar-Saint-Louis qui fait 230 km. Ce qui a favorisé la protection des dunes de sable, puisque la mer est plus haute que le Lac de 2 mètres, provoquant ainsi l’absorption des eaux de la mer par les dunes de sables.
Ce qui est étonnant au Lac, c’est son eau douce à 45 centimètres de profondeur. Etant donné que l’eau est salée de 380 grammes par litre, mais à quelques mètres du Lac, on peut trouver de l’eau douce. Le sable laisse l’eau couler tout en retenant une pellicule de sel. Ce qui justifie la présence de la verdure tout au long de la rive. D’ailleurs, on y pratique le maraîchage en y cultivant de la patate, des tomates et des carottes.

24 000 tonnes de sel extraites par an
Dans le lac, on extrait 24 000 tonnes de sel par an. Et partout dans le monde, c’est le seul lac où on fait l’exploitation du sel pendant toute l’année. Parce que dans les autres endroits, comme à Gandiol ou dans le Sine-Saloum, c’est de la mare salée qu’on pratique. C’est-à-dire qu’on laisse s’évaporer l’eau et ensuite on tire le sel, surtout au mois d’avril quand les rives sont sèches. Ce, contrairement au Lac Rose où on est obligé de récolter pour que le sel ne se congèle pas dans le Lac. Parce qu’ en bas du lac, il y a des sources qui alimentent. Elles permettent au lac de trouver son autonomie d’eau. Mais n’empêche, cette surexploitation du lac inquiète les autorités sénégalaises.
En outre, la formation de ce sel dans le lac est phénoménale. Dès qu’il sort du lac, il prend la couleur grise grâce à l’argile qui se trouve à l’intérieur et qui forme le sel. Il faut au moins une semaine avec l’effet des rayons solaires pour retrouver la couleur blanche du sel.

L’EXPLOITATION DU SEL AU LAC ROSE : Un travail pénible et mal payé, selon les ramasseurs

A la fois pénible et mal payé. Voilà résumé le travail d’extraction de sel au Lac Rose. Un travail qui peine à nourrir son homme.

Dans le vent, la chaleur et le clapotis des vagues du Lac Rose, hommes et femmes passent toute une journée à ramasser du sel. Un travail pénible, mais qui ne profite pas aux extracteurs de sel. Entre calvaire et profil bas, c’est le sacrifice pour la survie, selon ces hommes aux nationalités différentes trouvés sur les lieux.
Ce travail qu’ils qualifient de pénible est effectué deux fois par semaine pendant une période de six mois, pour permettre au lac de se régénérer, mais aussi d'épargner au corps du ramasseur un trop long contact avec le sel. Pour une bassine de sel de 10 kg à 300 francs Cfa, le sac de 25 kg à 700 francs Cfa et la tonne comprise entre 65 000 et 75 000 francs Cfa, le Lac Rose fait vivre des milliers de personnes. Que ce soit dans l’exploitation du sel, le tourisme ou le maraîchage.
C’est dans une petite allée, entre les tas de sel, que se trouve le lot de Mame Coulibaly. La trentaine bien sonnée, cette originaire du Mali est une habituée du sel. «Je travaille ici depuis plus de 7 ans. Je peux gagner jusqu'à 4 000 francs par jour. Le travail est dur, mais on s’accroche pour envoyer quelque chose aux parents», renseigne-t-elle, au milieu de toute une colonie.
Non loin d’elle se trouve une Guinéenne en train d’étaler le sel au soleil. Sous l’anonymat, elle confie : «Depuis que j’ai quitté ma Guinée natale, je peine à trouver du travail. J’ai fait tous les métiers, mais rien n’a pu marcher. Un ami m’a proposé de venir travailler avec lui au lac. Et depuis lors, je gagne ma vie ici. Je ne dis pas que c’est facile, mais c’est mieux que de croiser les bras», a t-elle expliqué.
Après les ramasseuses, nous avons effectué un tour chez les casseurs de croûtes de sel. Ici, il était difficile de leur tirer un mot. Seule une seule personne a pu nous adresser la parole et à sa manière. Quadragénaire, assis au bout de sa pirogue, Adama Guissé il se nomme. Il est originaire du Saloum. Interpellé, il préfère répondre ceci : «Vous voulez savoir comment on vit ici ? Alors sachez que ce métier peut nourrir son homme, mais ce sont les conditions d’exploitation qui sont dures. Par exemple, il faut éviter la l’infection des yeux par l’eau afin de ne pas les perdre. Et pour ça, il faut être attentif», indique-t-il.
Toutefois, les ramasseurs du sel du Lac Rose ont estimé qu’ils travaillent dans la dignité et dans la communion pour préserver la cohésion sociale du milieu, vu la diversité des nationalités présentes dans ces lieux.
Karamba NDIAYE (Stagiaire)

 

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