Le delta du Saloum, joyau du Sénégal
Le delta du Saloum est une des plus importantes zones humides de l’Afrique de l’Ouest : un immense univers amphibie, où l’eau et la terre s’entremêlent pour former un dédale fascinant d’îles et de bras de mer. Découverte...
Couvrant plus de 180 000 hectares, classé sur la liste des Zones humides d’importance mondiale et sur la liste des Réserves de la biosphère de l’UNESCO, le delta du Saloum abrite le deuxième plus grand parc national du Sénégal (Parc national du Delta du Saloum), qui s’étend sur près de 100 000 hectares dans la zone centrale du delta.
Zones marines ou intertidales, plages et vasières, chenaux étroits ou larges bras de mer, mangroves, savanes et forêts sèches : autant de milieux si différents qui se côtoient pour créer une mosaïque de biotopes offrant le gîte et le couvert à une faune très riche et diversifiée.
C’est l’avifaune qui, d’emblée, attire l’attention du visiteur. L’importance du delta pour les oiseaux lui a donné une réputation internationale bien établie : le delta est une halte migratoire de première importance pour des millions de migrateurs européens (principalement les limicoles) et héberge chaque hiver d’importantes populations d’oiseaux ayant fui le froid en Europe, voire même en Asie.
Le delta abrite également une avifaune résidante très intéressante, et plusieurs espèces typiquement africaines y passent l’été pour nicher. Les oiseaux offrent au visiteur de cette immense volière naturelle quelques grands spectacles de toute beauté : l’Ile aux Oiseaux est sans doute le site le plus connu du delta, avec sa colonie de sternes nicheuses forte de quelque 60 à 70 000 oiseaux.
Mais le Delta du Saloum, ce sont aussi les spectaculaires vols de pélicans, les rassemblements de hérons, d’aigrettes ou de cormorans sur les dortoirs, les concentrations denses de chevaliers, de limicoles et d’autres échassiers sur les vasières, les dortoirs hivernaux de rapaces comme les milans noirs, les sites communautaires de nidification des martins-pêcheurs ou encore l’omniprésence de rapaces tels que l’aigle pêcheur, le balbuzard et le vautour palmiste, sans oublier l’incroyable profusion de passereaux et d’autres espèces multicolores, dont chacune est un régal pour les yeux.
Les dauphins sont sans conteste les plus prestigieux représentants de la faune marine et peuvent régulièrement être observés dans le delta. Le Saloum est un des rares endroits au monde où l’on a de bonnes chances d’observer le Dauphin à bosse de l’Atlantique (dauphin de Souza), une espèce typique des estuaires saumâtres tropicaux.
N’oublions pas le lamantin que l’on peut (moyennant beaucoup de patience et de chance) à nouveau observer aux abords des sources d’eau douce qui jouxtent les les îles.
Sur la terre ferme, les milieux densément boisés ne semblent au premier abord pas se prêter à l’observation de la faune. Mais à ceux qui connaissent le delta, les animaux qui le peuplent et les endroits où les trouver, une faune étonnement variée se découvre au fil des rencontres : phacochères, petites antilopes forestières, singes vervets et patas,
colobes bais, chacals, hyènes, servals, porcs-épics, genettes, varans, pythons, etc.
La forêt de Fathala et le site de Fagaru, en bordure du delta, permet au visiteur d’observer des espèces de la grande faune africaine.
Près d’une quinzaine d’hôtels, gîtes ou campements touristiques se sont installés au cours des dernières décennies en bordure du Delta du Saloum. A l’heure actuelle, plusieurs milliers de visiteurs au total effectuent chaque année un séjour dans cette région du Sénégal, séjour qui inclut souvent une ou l’autre activité de découverte du delta.
Le potentiel de découverte offert par la nature et la faune sauvage du delta du Saloum demeure cependant fortement sous-exploité à l’heure actuelle. Mis à part quelques groupes d’ornithologues plus spécialisés, la très grande majorité des visiteurs se contente actuellement d’effectuer une promenade en pirogue (seul moyen d’accès et de déplacement dans le delta) le long des bolongs pour apprécier le paysage ou profiter de l’ambiance particulière des lieux.
Seuls quelques rares sites d’intérêt plus spécifiquement naturaliste font l’objet d’une attention touristique réelle : cela est principalement le cas de l’Ile aux Oiseaux et sa colonie de sternes, mais aussi de quelques dortoirs d’ardéidés (hérons et aigrettes).
L’observation de la faune n’est certes pas toujours des plus aisées dans les milieux souvent fermés du delta, comparativement à d’autres biotopes plus ouverts tels que les savanes d’Afrique de l’Est, par exemple.
Cependant, des possibilités réelles d’observation d’espèces remarquables, parfois spectaculaires, existent dans le delta, pour peu qu’une infrastructure (en matériel adéquat et en personnel compétent) soit disponible. Au visiteur intéressé par la découverte de la nature et l’observation de la faune, le delta offre en outre l’avantage non négligeable de permettre ces découvertes de manière intime : on ne se trouve jamais entouré d’une foule de touristes dans le delta !